TOURISME - TAXE DE SEJOUR

Nous ne pouvons, dès lors, plus regarder le Tourisme de manière localisée et restrictive, mais nous devons prendre du recul et l’aborder de manière globale. Ça à l’air tout bête de le présenter ainsi, mais aujourd’hui, malheureusement, la réalité est tout autre. Nous nous retrouvons avec une multitude d’acteurs travaillant dans leur coin, et trop souvent, de manière non coordonnée ou pas suffisamment.

Que nous manque-t’il dès lors ?

Tout d’abord, une vision globale et claire de : – où veut-on aller ? (objectif), et de : – comment y aller (moyens)

Des idées, il y en a à foison, de bonnes et de moins bonnes. Le problème étant que n’ayant pas de lignes directrices claires, et pour faire plaisir, ou plutôt, ne fâcher personne, nous distribuons un peu à tout le monde.

Peut-on continuer ainsi ? La réponse me paraît logique, non.

La nouvelle taxe de séjour va-t’elle améliorer la situation ?

Je ne le pense pas, voire, à mon sens, elle risque de la péjorer, car au lieu de saupoudrer Fr. 400'000.- par an, on va en saupoudrer plus d’un million, et le résultat ne devrait pas être plus satisfaisant après, du moins, permettez-moi de le penser.

Cette politique du saupoudrage nous mène dans le mur, un million, c’est beaucoup et peu à la fois. Oui, nous avons besoin de cet argent pour le Tourisme, mais non, pas dans cet environnement, où il nous manque cruellement d’une « Vision touristique ».

Pour ce faire, il faudrait tout d’abord que nos autorités parlent d’une seule et même voix. Ce qui passe par une fusion des communes avec Sembrancher comme portail d’entrée dans l’Entremont. Il n’est plus possible de devoir faire trois, voire quatre séances d’information avec autant de votes, à l’issue incertaine, sur les mêmes sujets. Que cela concerne, du reste, aussi bien le Tourisme, que l’énergie hydraulique, autre pan très important de notre économie.

Nos destinées sont intimement liées ; faudra-t’il encore attendre 10 ou 15 ans pour s’en rende compte ? Et ceci peut-être à nos dépens !

Que se passera-t’il lorsque l’une des communes ne suivra pas un vote crucial pour notre avenir commun ? Va-t’on s’en distancer comme avec la Destination Verbier-St-Bernard… et revenir à un tourisme communal ?

La fusion des communes revêt, dès lors, une importance capitale pour une parfaite synchronisation de notre développement futur.

Autre point majeur ; il faudra bien que nos autorités, tôt ou tard, abordent les sujets qui fâchent comme ; - quid de nos trois stations de skis ? là encore, va-t’on continuer à faire plaisir à tout le monde ? où allons-nous prendre les mesures qui s’imposent avec une vraie vision du ski en Entremont. Nous n’avons plus les moyens de maintenir trois pôles d’excellence pour le ski alpin. Une vision claire, en ce sens, aiderait, certes, au développement d’autres activités, que nous négligeons dans l’intervalle tout accaparés, que nous sommes, par le sort de nos trois remontées mécaniques.

Et des sujets épineux, il y en a encore…, on pourrait parler de la bouteille d’eau à bientôt Fr. 10.-, de la qualité des pistes de fond, des places de parcs en station, des peaux-de-phoqueurs dont on ne s’occupe pas ou trop peu, des ouvertures « hors saison de ski », de la mise en valeur des produits du terroir, de magnifiques chemins pédestres presque inconnus du grand public, de région entière sous exploitée comme la Combe de L’A, de notre représentation à l’étranger, et j’en passe…

Tous ces sujets font l’objet d’interrogation à divers niveaux, mais sont malheureusement traités de manière indépendante et localisée, alors qu’ils requerraient d’être abordés dans une vision globale sur le Tourisme. Car, in fine, ils sont liés interactivement entre eux et devraient être inscrits, dès lors, dans un dessein plus global.

A titre d’exemple, je pense que la démarche participative sur le Cœur d’Orsières, devrait, elle aussi, faire partie intégrante d’une démarche touristique, dans un but touristique, défini dans notre stratégie globale sur le Tourisme. La traiter, en aparté, par et pour les citoyens d’Orsières, illustre parfaitement mon souci. A quoi va bien pouvoir servir cette place si elle ne s’intègre pas dans une résonnance touristique pour notre région ?

Vous l’aurez compris, si nous ne voulons pas devenir des cités dortoirs, notre futur passera par un tourisme coordonné et beaucoup mieux ciblé, piloté par des intérêts dépassant largement le cadre de nos communes respectives. Alors, rassemblons-nous, ne faisons plus qu’un et imaginons ensemble le tourisme de demain afin de créer dans notre belle région des pôles, autres que le ski, d’excellence et incontournables pour nos visiteurs.

Pour conclure, nous allons devoir voter sur la taxe de séjour, celle-ci triplant les moyens mis à disposition pour le Pays du St-Bernard. Si la démarche est louable et, à moyen terme, indispensable, je reste, tout de même, déçu de constater toute l’énergie dépensée, et le soin apporté à l’élaboration de la mise en œuvre, de ce qui est et restera un « règlement ». J’aurais de loin préféré voir cette énergie canalisée à l’élaboration des contours de notre tourisme.

Je sais qu’il est plus facile de critiquer que de construire, et je n’aime guère être confiné dans ce rôle. Mais au risque de déplaire, j’ai l’impression que l’on marche sur la tête en matière de tourisme, et qu’une vision globale dans notre région fait cruellement défaut. C’est pourquoi, et en l’état, je pense que de voter un règlement à plus d’un million par an, sans une véritable orientation touristique, est une erreur qui va conforter nos autorités dans l’inaction, ce que je déplore et crains le plus.

Amicales salutations

Michel