PV or not PV, that is the question !!!

31 août 2023

 

(PV = Photo Voltaïque)

Ce sujet ne manquera pas de nous partager d’autant que le citoyen est appelé à répondre à cette question, dans un délai relativement cours, pour le 10 septembre au niveau cantonal et pour le 18 octobre prochain au niveau communal. 

Les sujets politiques deviennent de plus en plus clivants, et cela peut, malheureusement, nous faire perdre de vue les véritables enjeux et questions de fond.

Alors est-il encore possible de prendre un peu de hauteur sur un tel sujet ? Ou tout du moins un tant soit peu de recul !

Pas si facile, car nous touchons à une corde sensible le « PAYSAGE », qui relève d’une perception subjective et qui nous appartient et diffère selon nos sensibilités et vécus.

Trouvez-vous les barrages beaux et imposants, dotés d’une prouesse technologique centenaire qui pousse au respect ou, au contraire, d’incroyables gâchis écologiques et masses de béton lugubres, illustration parfaite d’un capitalisme outrancier du siècle passé ? De même, pour les éoliennes, les trouvez-vous gracieuses ou des verrues architecturales ?

Et ceci sans entrer sur les sujets, ô combien périlleux, de l’impact sur la nature et de la biodiversité ! 

Difficile, donc, de répondre à ces questions, tellement notre sensibilité influe notre perception.

Un champ de panneaux photovoltaïques, est-ce beau ou franchement moche ?

Je ne dirai pas qu’un champ de 13 hectares recouvert de panneaux PV va m’extasier, alors qu’à contrario des éoliennes peuvent être élégantes et gracieuses. Mais ces panneaux auront-ils réellement l’impact visuel aussi néfaste que certains veulent le laisser entendre ?

Nous avons recouvert des pans entiers de montagne de pare-avalanches sans que ceux-ci n’émeuvent personne. On ne peut pas vraiment dire qu’un pare-avalanche est beau, mais il est utile à la protection de nos infrastructures et habitations. 

Nous n’arriverons pas à nous entendre, c’est certain, sur la question du qualitatif de la chose, beau ou moche ! Mais est-ce là, l’unique question ; moins de  0.1 % de notre territoire communal, 13 hectares de panneaux sur les 16500 que compte notre commune, consacré à de la production d’énergie photovoltaïque, est-ce trop cher payé en terme d’impact sur le paysage ? 

Pour prendre la mesure d’un tel projet, ne faudrait-il pas aussi aborder le sujet du rendement de ces installations, qui reste l’enjeu central, notamment concernant leur production hivernale d’électricité. 

A savoir, les projets PV alpins répondent-ils à la problématique de notre déficit en approvisionnement durant les mois qui s’étendent de mi-octobre à mi-mars. Ne va-t-on pas sacrifier une part de nos Alpes, de notre territoire communal, pour, au final, se rendre compte que ça n’y fait pas ? 

Pour répondre à cette question, il faudrait connaitre précisément le facteur de charge pour chaque mois critiques de la saison froide concernant l’emplacement retenu. J’invite celles et ceux que ça intéresse de regarder la définition du facteur de charge afin de mieux appréhender le sujet. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Facteur_de_charge_(%C3%A9lectricit%C3%A9), source wikipedia).

Lors de la présentation du parc solaire de Chargerat, nous avons pu constater que la confédération insistait, à juste titre du reste, à ce que les installations PV alpines fournissent un maximum de courant en hiver. On nous a avancé le chiffre, que je considère très surprenant, de 45 % de production sur les mois d’octobre à mars, soit pratiquement à l’équilibre avec les 6 mois d’été (55%). Reste à connaitre la répartition de ces 45% sur les 6 mois hivernaux. Si cette production se concentre principalement sur les mois d’octobre et de mars, alors atteindrons-nous les objectifs escomptés ? (*)

Erratum : Après avoir reçu des informations complémentaires, je m'aperçois avoir mal interprété les 45% de production hivernale. Il s'agit du pourcentage de la production hivernal par rapport à celle de l'été, soit une production de 4.65 GWh sur les 6 mois d'hiver, contre 10,35 GWh pour les 6 mois d'été. Soit un ratio de 30/70, ce qui correspond mieux à ce que l'on trouve dans la nomenclature spécialisée.

Ce que j’ai pu lire, sur le sujet, me laisse perplexe. Le solaire (PV), il n’est un secret pour personne, n’est pas, à nos latitudes, une source d’énergie des plus efficientes pour de la production hivernale, fusse-t-il juché au sommet des montagnes. Je m’interroge, dès lors, car les informations que je possède ne vont pas vraiment dans le sens d’un développement frénétique du solaire photovoltaïque pour une production hivernale. 

Alors, peut-on remplacer le nucléaire, énergie dite « pilotable » ou à la demande, par des énergies dites « fatales », soit, pour lesquelles nous sommes totalement dépendant des conditions extérieures et de leur fréquence (par exemple le nombre d'heures d'ensoleillement ou de vent). La réponse est d’ores et déjà connue et est NON. Pour une grande partie des spécialistes, il nous faudra des centrales à gaz, ou comme évoqué, lors de la présentation, importer du nucléaire français pour combler notre déficit structurel d’octobre à mars.

Dès lors, quel impact réel auront ces parcs solaires alpins sur l’approvisionnement hivernal, et, en définitive, car c’est l’objectif principal, pour quel gain en CO2 ? 

Aujourd’hui dans la communauté scientifique deux courants se font front ;

Le premier courant considère qu’il vaut mieux aller de l’avant tout en sachant que ces parcs n’apporteront pas totalement, avec un facteur de charge ou de production de 15% annuel moyen, les résultats escomptés, mais qu’au moins, on va, à petits pas, dans la bonne direction, en attendant de nouvelles avancées technologiques… 

Alors que le second considère que les ressources et matières premières étant épuisables, il faut les économiser et les utiliser à meilleur escient. A leurs yeux, de bâtir de telles infrastructures, est un gâchis, le gain en CO2 restant modeste, en comptabilisant l’énergie grise, et son bilan énergétique discutable. Pour ces experts, nous devrions avant tout nous concentrer sur les poids lourd des émetteurs de CO2, que sont l’habitat et le transport (respectivement 26 et 31% des rejets des émissions de gaz à effet de serre, contre seulement, grâce à l'hydraulique et au nucléaire, 2% pour la production électrique indigène suisse, source OFEV). 

D’un point de vue de décarbonation, je pense que les seconds ont raison, il serait plus judicieux de mettre plus de moyen sur les gros pourvoyeurs en CO2 cités ci-dessus. Mais voilà, le politique en a décidé autrement et veut aller, tous azimuts, dans plusieurs directions à la fois. Peut-être nous manque-t-il une réflexion globale car, nous n’arriverons pas avec les énergies renouvelables, telles que prévues, à remplacer simultanément le nucléaire helvétique, ainsi que les énergies fossiles. Le cas de l’Allemagne en est du reste probant. 

Vous l’aurez compris, le sujet est complexe et loin de trouver une solution simple et miraculeuse. Mais aujourd’hui, concernant ce projet de parc solaire au col de Chargerat, on ne nous demande pas de choisir entre un système de production ou un autre, mais de choisir entre ne rien faire ou faire quelque chose de moyennement satisfaisant. C’est le verre à moitié plein ou à moitié vide selon votre appréciation… 

Alors, par défaut, et du bout des lèvres, je me rallierai au premier courant… 

Amicalement,

Cretton Michel

2 commentaires

  • Posté par : Michel Date : 11/09/2023 - 08:32

    Erratum : Après avoir reçu des informations complémentaires, je m'aperçois avoir mal interprété les 45% de production hivernale. Il s'agit du pourcentage de la production hivernal par rapport à celle de l'été, soit une production de 4.65 GWh sur les 6 mois d'hiver, contre 10,35 GWh pour les 6 mois d'été. Soit un ratio de 30/70, ce qui correspond mieux à ce que l'on trouve dans la nomenclature spécialisée.

  • Posté par : Michel Date : 31/08/2023 - 15:34

    Pour info, pour le projet du parc solaire de Chargerat nous avons 11 GW de puissance installée pour une production annuelle estimée de 15 GWh ce qui donne un facteur de charge de 15,57%
    Pourquoi le solaire a un facteur de charge aussi bas, et notamment encore plus en hiver ?
    Parce que sa production dépend directement des heures d'ensoleillement (moins en hiver qu'en été), calculé sur 24 heures x 365 jours par an et de la puissance solaire qui est de surcroît aussi plus faible en hiver...

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